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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/273

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disoient-elles, de m’y accoutumer ; ces grands corps laissoient les épaules découvertes, coupoient les bras et gênoient horriblement ; d’ailleurs, pour montrer ma taille, elles me firent serrer à outrance.

La mère et la fille eurent ensuite une dispute très-aigre au sujet de ma collerette, sur la manière de l’attacher ; elles étoient assises, et j’étois debout et excédée pendant ce débat. On m’attacha et l’on m’ôta au moins quatre fois cette collerette ; enfin, la maréchale l’emporta de vive force d’après la décision de ses trois femmes de chambre, ce qui donna beaucoup d’humeur à madame de Puisieux. J’étois si lasse que je pouvois à peine me soutenir, lorsqu’il fallut aller dîner. On me fit grâce du grand panier pour le dîner, quoiqu’il fut question un moment de me le faire prendre pour m’y accoutumer aussi. Lorsque le maréchal m’aperçut, il s’écria : « Elle a trop de poudre et trop de rouge ; elle étoit cent fois plus jolie hier. » Madame de Puisieux le fit juge de ma collerette, qu’il approuva, et tout le dîner se passa en discussions sur ma toilette. Je ne mangeai rien du tout, parce que j’étois si serrée, que je pouvois à peine respirer. En sortant