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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/272

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fut tête à tête dans sa voiture. Elle ne me parla que de la manière dont je devois me coiffer, m’exhortant d’un ton critique à ne pas me coiffer si haut qu’à mon ordinaire, m’assurant que cela déplairoit beaucoup à Mesdames et à la vieille reine. Je répondis simplement : « Il suffit, Madame, que cela vous déplaise. » Cette réponse parut lui être agréable, mais aussitôt après je retombai dans mon profond silence, et je vis que je l’ennuyois beaucoup. À Versailles, nous logeâmes dans le bel appartement du maréchal d’Estrée ; le maréchal fut charmant pour moi ; je le regardois avec un vif intérêt ; je savois qu’il avoit eu les plus éclatans succès à la guerre, et qu’il étoit d’ailleurs l’une des meilleures têtes du conseil. Il joignoit à sa gloire la bonhomie la plus aimable et une bonté parfaite. Mesdames de Puisieux et d’Estrée me persécutèrent véritablement le lendemain, jour de ma présentation ; elles me firent coiffer trois fois, et s’arrêtèrent à la manière qui me messéyoit le plus, et qui étoit la plus gothique. Elles me forcèrent de mettre beaucoup de poudre et beaucoup de rouge, deux choses que je détestois ; elles voulurent que j’eusse mon grand corps pour dîner, afin,