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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/276

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rénité, un sourire agréable, des manières douces et polies sont, pour les princes, des dons précieux, et que l’éducation peut donner jusqu’à un certain point. Des manières farouches ou dédaigneuses les font haïr ; s’ils ont l’air sombre et soucieux, ils inspirent la défiance et l’effroi ; s’ils ont une tournure ignoble et ridicule, on les méprise, surtout en France où les derniers individus du peuple ont le tact le plus fin et le plus sur pour saisir toutes les nuances qui peuvent exprimer par le ton, les gestes et le regard, les divers mouvemens de l’âme.

M. le dauphin, fils de Louis XV, venoit de mourir, on en portoit encore le grand deuil ; je fus présentée à la vieille reine, fille de Stanislas, roi de Pologne ; cette princesse, déjà attaquée de la maladie de langueur dont elle mourut quinze ou dix-huit mois après, étoit couchée sur une chaise longue. Je fus très-frappée de lui voir un bonnet de nuit de dentelle, avec de grandes girandoles de diamans[1]. Elle m’intéressa beaucoup, parce qu’on disoit

  1. Boucles d’oreilles de ces temps, qu’on ne portoit que dans la grande parure.
    (Note de l’auteur.)