Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toujours paru un bon homme, et il faisoit fort bien les honneurs de chez lui. On disoit qu’il étoit un avare fastueux, ce qui signifie communément que l’on sait allier l’ordre et l’économie à la magnificence.

M. de Genlis, qui, comme je l’ai dit, avoit reçu un coup à la tête dans la voiture lorsque l’essieu rompit, se sentit le lendemain la tête si brulante et si lourde, qu’il envoya cher-

    me demande de faire quelques démarches en faveur de ce jeune homme, qui est un très-bon sujet. Nous avons réussi, il vient d’être placé. Ce qui me frappe le plus dans cette étonnante histoire, c’est la discrétion de madame de Boulainvilliers qui a conduit si mystérieusement toute cette bonne action pendant sept on huit ans, sans en dire un seul mot à ses amis les plus intimes et elle ne m’en a jamais parlé que parce qu’elle a cru que je pouvois, dans cette occasion, concourir à compléter cette bonne œuvre. Voilà comme les vraies dévotes font le bien et madame de Boulainvilliers, femme d’un homme très-riche, mais qui ne prodigue pas du tout l’argent, n’a qu’une pension de quatre mille francs pour son entretien. Elle vit dans le grand monde, elle est mise convenablement, et, avec une pension si modique, elle trouve le moyen de faire de telles actions ! Que l’économie de la charité est ingénieuse ! combien elle donne de ressources !

    (Souvenirs de Félicie.)