Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ma grand’mère. Ces derniers dîners-là ne m’étoient nullement agréables, ma grand’mére étoit d’une sécheresse extrême pour moi, et comme elle avoit sur son visage une énorme quantité de rouge et de blanc, qu’elle se peignoit les sourcils et les cheveux pour réparer des ans l’irréparable outrage, elle ne me paroissoit guère respectable. Elle avoit avec elle sa sœur, qui ne s’étoit jamais mariée, mademoiselle Dessaleux, qui étoit aussi douce et aussi bonne que ma grand’mère étoit impérieuse et hautaine. Cependant, ces deux sœurs avoient toujours été le modèle d’une parfaite amitié. Madame de Montesson me traitoit à merveille, me caressoit à l’excès, mais ne cherchoit nullement à me faire valoir, surtout auprès de ma grand’mère, qui jamais n’a demandé à m’entendre chanter et jouer de la harpe. En outre de ces dîners, j’allois, de temps en temps, le matin chez ma grand’mère, pendant qu’elle étoit à sa toilette ; c’étoit l’heure qu’elle m’avoit donnée, je la trouvois toujours seule devant son grand miroir, et entourée de ses femmes : elle me faisoit les plus insipides sermons que j’aie jamais entendus ; comme il n’y avoit rien à dire pour