Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naissant pour l’histoire naturelle. Je fis, à cheval, plusieurs courses à Chambray. Le quinze novembre monsieur et madame de Boulainvilliers, mon beau-frère et sa femme, retournèrent à Paris ; M. de Genlis et moi nous allâmes à Chambray, où nous passâmes cinq semaines dans la plus agréable solitude. J’y arrivai grosse de plus de trois mois, mais, par une singularité de constitution, je ne pouvois pas m’en douter ; et, par une autre singularité, je n’éprouvai aucun accident en montant à cheval tous les jours, dans un magnifique bois de sapins. Je jouois beaucoup de la harpe ; je passois des heures entières avec mademoiselle de Chambray dans son cabinet d’histoire naturelle, formé par son père depuis dix ans : elle me l’expliquoit parfaitement. Elle avoit fait aussi une étude particulière de la géographie ; elle avoit là une prodigieuse quantité de voyages : sa conversation, exempte de toute pédanterie, étoit pour moi aussi instructive qu’agréable.

Nous passâmes l’hiver à Paris : j’avois vingt ans. J’allois, une fois la semaine, dîner chez ma tante, madame de Montesson, ou avec elle chez madame la marquise de La Haye,