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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/309

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les gens du grand monde : il avoit un caractère doux et facile, ses talens ne furent pas assez éclatans pour exciter l’envie : il en eut assez pour plaire, voilà comme on obtient des succès universels. Sa traduction de l’épître d’Héloïse à Abailard est fort inférieure à celle de Pope ; elle contient même plusieurs vers ridicules, tels que ceux-ci :


« Quoi ! faudra-t-il toujours aimer, se repentir,
» Désirer, espérer, désespérer, sentir[1], etc. ? »


Il y a, en général, dans cette traduction une versification agréable, mais on a fait depuis mille pièces de vers dont on ne parle pas, et qui valent beaucoup mieux. Colardeau avoit dans la société de la douceur, cependant sa conversation étoit fort commune ; il étoit triste et peu aimable. Le jour de la semaine où je dînois chez ma tante ou chez ma grand’mère, madame de Montesson me menoit faire des visites dans la soirée, c’étoit chez mesdames les princesses de Chimay ; celle qui a été de-

  1. On ne dit point : faudra-t-il toujours désespérer, il faudroit : se désespérer, et que signifie : faudra-t-il sentir ? sentir quoi ?
    (Note de l’auteur.)