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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/313

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chez lesquelles me menoit ma tante, celles dont les maisons me plurent davantage furent madame de La Reynière et madame de La Massais : je conservai avec elles des liaisons qui durèrent jusqu’à mon entrée à Belle-Chasse. Je vis chez madame de La Reynière des hommes très-aimables, l’abbé Arnaud, dont l’accent provençal, l’air ouvert, la vivacité, la gaieté, rendoient la conversation très-amusante, et donnoient un air naturel à tout ce qu’il disoit, quoiqu’il eut beaucoup d’affectation dans son langage ainsi que dans ses écrits ; il avoit d’ailleurs de très-bonnes qualités, une grande égalité d’humeur et une sûreté parfaite dans la société ; mais il étoit véhément dans ses inimitiés, il a fait de sanglantes épigrammes contre ses ennemis ; la meilleure est celle-ci :


« Ce Marmontel, si long, si lent, si lourd,
« C» Qui ne parle pas, mais qui beugle,
« C» Juge la peinture en aveugle,
« C» Et la musique comme un sourd.
« C» Ce pédant, à si sotte mine,
« C» Et de ridicules bardé,
» Dit qu’il a le secret des beaux vers de Racine :
«» Jamais secret ne fut si bien gardé. »


Le comte d’Albaret étoit aussi de la société