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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/314

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intime de madame de La Reynière. Madame Necker dans ses Souvenirs s’est moquée de lui fort injustement, d’abord parce qu’il n’avoit aucun ridicule : il étoit bon, aimable, spirituel, il avoit une foule de talens agréables, il aimoit passionnément les arts et s’y connoissoit ; il étoit d’une extrême gaieté ; c’étoit un homme décidé à s’amuser et à plaire toujours à ses amis, il y parvenoit, par ses talens, sa bonne humeur, et son extrême complaisance dans la société, mais c’étoit toujours d’une manière innocente. Il avoit le plus heureux caractère pour lui et pour les autres, il ne cultivoit que les gens qui lui paroissoient aimables, la gaieté ne lui a jamais fait dire une méchanceté, il n’a jamais fait une bassesse. Il avoit de la fortune, il donnoit chez lui de petits concerts délicieux, il n’y recevoit que la meilleure compagnie, il avoit les mœurs les plus pures ; on trouvoit cette existence frivole, pour moi je l’aimerois beaucoup mieux que celle qui se consacre au triste calcul d’amasser de l’argent, ou aux intrigues de l’ambition.

Je vis cette année (1766) l’abbé de Lille, qui venoit de donner sa belle traduction des