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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/318

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sa fille de ne pas la partager. Madame de Louvois adoroit son mari ; cette tendresse étoit à tous égards si peu fondée, que l’on pouvoit presque la regarder comme une foiblesse ; mais une mère surtout devoit la respecter, c’est ce que ne fit pas madame de Lôgny. Dans son dépit contre son gendre, elle eut assez peu de principes et de raison pour instruire sa fille des infidélités et des déréglemens de son mari. Par cette indigne conduite, elle perdit entièrement la confiance de madame de Louvois, et elle fit son malheur sans la guérir. L’aigreur réciproque devint extrême, les tracasseries et les explications de mauvaise foi se multiplièrent. Enfin, un jour que madame de Lôgny étoit allée dîner à la campagne, M. de Louvois, qui avoit secrètement loué une maison, quitta brusquement celle de sa belle-mére sans l’avoir prévenue : il déménagea en quelques heures, et emmena sa femme. Ce procédé bizarre et malhonnête mit le comble au ressentiment et à la colère de madame de Lôgny. En vain madame de Louvois écrivit les lettres les plus soumises, et vint se présenter chez sa mère ; on lui renvoya ses lettres toutes cachetées, la porte lui fut toujours fermée. Madame