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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/320

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vement sa sœur, et la tenoit cachée. Dans un moment qu’elle crut favorable, elle se jeta à genoux au chevet du lit de sa mère, et, baignée de larmes, elle implora pour sa sœur un pardon maternel. Taisez-vous ! fut la seule réponse qu’elle obtint. Madame de Louvois passa quatre jours et quatre nuits sur une chaise de paille, dans l’antichambre de sa cruelle mère. Madame de Lôgny n’admit dans sa chambre que Périgny et sa fille cadette. Cette dernière recueillit plusieurs discours qui lui firent penser que sa mère méditoit une vengeance qui pût lui survivre. Le cinquième jour madame de Lôgny, étant à la dernière extrémité, mais avec toute sa connoissance, demanda son notaire, et fut enfermée avec lui plus de deux heures ; durant ce temps mademoiselle de Lôgny voulut entretenir Périgny sans témoins, et elle lui tint ce discours : « Vous êtes, monsieur, l’homme du monde que j’estime le plus, et j’ai besoin de vous ouvrir mon cœur. Je n’ai nulle connoissance des affaires, mais je sais qu’il est des moyens d’éluder les lois, et qu’en les employant ma mère pourroit déshériter ma sœur, et je crois que tel est son projet. Toutes mes intentions sont droites : cependant je