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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/322

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paroles : Je la maudis. Sa malheureuse fille, placée contre la porte entr’ouverte, les entendit, et s’évanouit. Après ce dernier effort d’une haine monstrueuse, madame de Lôgny tomba dans une effrayante et longue agonie ; elle mourut au point du jour. Si elle eût eu de la religion, si elle eut consenti à recevoir ses sacremens, elle auroit reçu sa fille dans ses bras ; et, malgré l’inconcevable dureté de son cœur, elle auroit pardonné !… Mademoiselle de Lôgny voulut aller dans un couvent, on la conduisit à Panthemont.

Par son testament, madame de Lôgny donnoit au président de Périgny toute sa fortune (environ cent mille livres de rente), ses terres, ses revenus, son mobilier, ses diamans, enfin sans exception tout ce qu’elle avoit possédé. Périgny accepta ce fideicommis, et, suivant l’intention de la testatrice, il remit toute cette fortune à mademoiselle de Lôgny, qui partagea avec sa sœur, et si scrupuleusement, que dans le compte de l’argenterie, elle fit rompre en deux une cuillère de vermeil qui formoit un nombre impair, afin d’en envoyer une moitié à madame de Louvois. Cette dernière mourut sans enfans peu d’années après, et toute sa fortune retourna dans les mains pures et géné-