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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/329

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réponse ordinaire. La maréchale dit : « Cela est singulier, car elle fait mentir le proverbe, qui dit que les visages ronds n’ont pas de physionomie : il y a bien de la finesse dans la sienne. » La maréchale de Luxembourg avoit réparé les torts de sa jeunesse par une dévotion sincère et par l’éducation de sa petite-fille, la duchesse de Lauzun, une personne véritablement angélique, âgée alors de dix-huit ans. La maréchale avoit peu d’instruction, beaucoup d’esprit naturel, et cet esprit étoit rempli de finesse, de délicatesse et de grâce. Elle attachoit trop d’importance à l’élégance du langage, des manières, et à la connoissance des usages du monde. Elle jugeoit sans retour sur une expression de mauvais goût, et, ce qu’il y a de singulier, c’est que ce jugement frivole étoit presque toujours parfaitement juste. Mais elle ne jugeoit ainsi que les gens du monde, et non les étrangers et les provinciaux. « Celui, disoit-elle, qui a pu observer ce qui est convenable et ce qui ne l’est pas, et qui adopte un mauvais ton, manque certainement de tact, de goût et de délicatesse. » D’ailleurs elle prétendoit avoir découvert dans tous les usages du monde établis alors une finesse et un bon