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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/334

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fique de nos princes ; on étoit chez lui comme chez soi. Dans les grands voyages de l’Île-Adam, chaque dame avoit des chevaux et une voiture à ses ordres ; et, n’étant obligée de descendre dans le salon qu’une heure avant le souper, elle étoit maîtresse de donner à dîner tous les jours dans sa chambre à sa société particulière. Comme le prince ne dînoit point, il vouloit épargner aux femmes la peine de descendre dans une salle à manger et l’ennui de s’y trouver avec cent personnes. La représentation étoit réservée pour le soir ; mais on jouissoit durant toute la journée d’une liberté parfaite et du charme d’une société intime. Quel dommage que ce prince aimable ait eu l’étrange manie d’affecter quelquefois un despotisme et une dureté qui n’étoient nullement dans son caractère ! Voici un trait dont j’ai été témoin un jour que nous passions d’un salon dans une pièce voisine pour aller entendre la messe. M. de Chabrillan arrêta M. le prince de Conti pour lui demander ses ordres sur un braconnier qu’on venoit de prendre. À cette question, M. le prince de Conti, élevant extrêmement la voix, répondit froidement, Cent coups de bâton et trois mois de cachot, et il