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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/333

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espèces d’éloges publics, quoiqu’ils eussent une petite tournure épigrammatique[1].

M. le prince de Conti étoit le seul des princes du sang qui eût le goût des sciences et de la littérature, et qui sût parler en public. Il avoit une beauté, une taille et des manières imposantes ; personne ne sut dire des choses obligeantes avec plus de finesse et de grâce ; et, malgré ses succès auprès des femmes, il étoit impossible de découvrir en lui la plus légère nuance de fatuité. Il fut aussi le plus magni-

  1. Les femmes se sont aguerries depuis avec les louanges données publiquement, on les y avoit accoutumées dans les pensions dès leur enfance.

    L’usage établi dans les collèges de donner publiquement des prix aux écoliers, est utile et bon, puisque les hommes, destinés à jouer de grands rôles dans la société, sont faits pour aimer la gloire. Mais ce même usage est très-déplacé dans les éducations de jeunes filles, dont les vertus caractéristiques doivent être la réserve et la modestie ; tout ce qui peut étendre, exalter leurs prétentions, est en opposition avec leur destination naturelle, et par conséquent pernicieux aussi ne les couronne-t-on publiquement que dans les pensions formées depuis la révolution, c’est-à-dire, depuis que toutes les idées morales ont été bouleversées, et depuis l’abolissement de toute les règles du bon goût et des convenances.

    (Note de l’auteur.)