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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/337

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en ma faveur, il me trouva bien médiocre. Aussi quand M. de Donézan[1] lui dit que je jouois les proverbes d’une manière extraordinaire, il ne vouloit pas le croire. Il fut décidé que nous en jouerions. On fit faire un petit théâtre portatif que l’on mit dans la salle à manger, et nous répétâmes le Savetier et le Financier ; il n’y avoit que trois personnages, le financier, le savetier et sa femme. Je faisois ce dernier role, et M. de Donézan celui de savetier avec une perfection qui ne laissoit rien à désirer. Ma tante ne m’avoit jamais vu jouer de proverbes, car je n’en avois joué qu’une seule fois avec M. de Donézan chez madame de La Reynière, et seulement devant quatre ou cinq personnes. Nous eûmes un succès prodigieux ; la timidité silencieuse que j’avois habituellement donna quelque chose de merveilleux à ce succès : dans une dernière scène je fis pleurer et rire ; l’enthousiasme de M. le prince de Conti

  1. N. d’Usson de Bonnat, comte de Donézan, frère du marquis de Bonnai, ambassadeur à La Haye ; c’étoit l’homme du monde le plus bienveillant, le plus aimable, et qui contoit le mieux ; il est mort à Paris en 1811, âgé de quatre-vingts ans.
    (Note de l’éditeur.)