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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/340

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que de la routine. Le comte, depuis duc de Guines, étoit de ce voyage : il passoit pour être l’un des hommes de la cour les plus brillans et les plus aimables ; sa figure et sa taille n’avoient de remarquable qu’une extrême recherche de coiffure et d’habillement. Toute sa réputation d’esprit tenoit à une sorte d’espionnage de toutes les petites choses ridicules et de mauvais ton, qu’il contoit en peu de mots d’une manière plaisante, qu’il dénonçoit à la maréchale de Luxembourg, et dont il se moquoit fort agréablement avec elle et madame de Bouflers. Mais ce genre de moquerie n’attaquoit jamais la réputation, il ne tomboit que sur des niaiseries. Le duc de Guines avoit des talens agréables ; il étoit bon musicien et jouoit fort bien de la flûte. Un autre homme de ce temps, qui avoit aussi de grands succès auprès des femmes, étoit le comte de Chabot : il n’étoit ni beau, ni de la première jeunesse ; il ne parloit jamais tout haut, il bégayoit, ce qu’on trouvoit en lui une grâce ; il avoit une galanterie mystérieuse qui ne s’exprimoit que par des petits mots assez fins, toujours dits à demi-voix ; elle étoit un peu banale, car elle s’adressoit à presque toutes les jeunes