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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/339

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passable, mais ridiculement. Elles le sentirent, et leur humeur fut extrême. Madame de Sabran montra la sienne comme une enfant ; après les proverbes elle pleura de dépit. Cette scène fut étonnante, et me confondit. Madame de Sabran, qui m’avoit montré jusque-là une grande bienveillance, devint mon ennemie : j’en ai eu beaucoup par la suite pour des causes aussi frivoles. On cessa de jouer des proverbes, au grand regret de M. le prince de Conti, de la maréchale, de madame de Bouflers et de M. de Donézan. Mais on joua la comédie ; je n’avois que deux rôles insignifians, celui d’amoureuse dans l’Impromptu de campagne, et celui d’Isabelle dans les Plaideurs. Mais pour m’entendre chanter et jouer de la harpe, M. de Pont-de-Vesle fit un divertissement, Les noces d’Isabelle, dans lequel je jouai une sonate de harpe, et je chantai de fort jolis couplets.

Madame de Montesson jouoit, à mon gré, fort mal la comédie, parce qu’en cela comme en toute chose, elle manquoit de naturel. Mais elle avoit beaucoup d’habitude, et l’espèce de talent d’une comédienne de province, parvenue par son âge aux premiers emplois, et n’ayant