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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/342

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d’anatomie, mais non pas, comme elle, sur des cadavres ; la fameuse mademoiselle Biheron[1] qui logeait à l’Estrapade, près du cul-de-sac Saint-Dominique, est la première qui ait fait, avec de la cire et des chiffons, des sujets entiers anatomiques, ce qu’elle exécutoit avec une véritable perfection ; c’est chez elle que je fis à plusieurs reprises un cours d’anatomie. Elle modeloit ses tristes imitations sur des cadavres

    dans le temps qu’elle ne voyageoit jamais sans avoir dans la vache de sa voiture un cadavre.

    (Note de l’auteur.)

  1. Cette demoiselle étoit fille d’un chirurgien ; elle avoit alors cinquante ans. Elle avoit eu toute sa vie une véritable passion pour l’anatomie, elle suivit pendant longtemps des cours de dissection dans différens amphithéâtres, et prit une connoissance parfaite des diverses parties du corps humain ; elle composa des pièces artificielles qui représentoient si bien la tête, les poumons, le cœur, etc., qu’on avoit peine à les distinguer des objets naturels. Le chevalier Pringle, en considérant ces imitations de la nature, dit à mademoiselle Biheron : « Il n’y manque que la puanteur. » Cette demoiselle, modeste et dévote, vivoit d’une petite rente de douze à quinze cents livres. Elle avoit, dit Grimm, beaucoup de netteté dans les idées, et faisoit ses démonstrations avec autant de clarté que de précision.
    (Note de l’éditeur.)