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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/343

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qu’elle avoit dans un cabinet vitré au milieu de son jardin ; je n’ai jamais voulu entrer dans ce cabinet, qui faisoit ses délices et qu’elle appeloit son petit boudoir.

Madame la comtesse d’Egmont la jeune[1], fille du maréchal de Richelieu, chez laquelle j’avois soupé plusieurs fois avec madame de Montesson, vint cette année à l’Île-Adam ; elle étoit encore d’une figure charmante, malgré sa mauvaise santé ; elle n’avoit alors que vingt-huit ou vingt-neuf ans, et le plus joli visage que j’aie vu. Elle faisoit beaucoup trop de mines, mais toutes ses mines étoient jolies. Son esprit ressembloit à sa figure ; il étoit maniéré et néanmoins rempli de grâce. Je crois que madame d’Egmont n’étoit que singulière et non affectée ; elle étoit née ainsi. Elle a fait beaucoup de grandes passions, on pouvoit lui reprocher un sentiment romanesque qu’elle a

  1. Son mari, N., comte d’Egmont, grand d’Espagne à la création de Charles-Quint, étoit le dernier de cette race illustre, issue des ducs de Gueldre et des anciens comtes de Hollande ; il étoit inconsolable de n’avoir pas eu d’enfans, et ses biens immenses ont passé dans la maison de Luynes.
    (Note de l’éditeur.)