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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/346

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procédé, car dès le même jour madame d’Egmont me fit mille amitiés, et je remarquai qu’elle étoit très froide pour madame de Montesson, rancune qu’elle a toujours conservée.

Nous restâmes six semaines à l’Île-Adam, ensuite je passai quelques jours à Paris, au bout desquels je partis avec ma tante pour Villers-Cotterets, où j’allois pour la première fois. Nous avions encore appris des rôles pour y jouer la comédie, et même l’opéra. Nous jouâmes Vertumne et Pomone. Je jouois Vertumne, qui est déguisé en femme, ma tante jouoit Pomone ; elle avoit imaginé de se faire faire un habit garni de pommes d’api, et autres fruits. Madame d’Egmont dit qu’elle ressembloit à une serre chaude. Cet habit étoit lourd, ma tante étoit petite, et n’avoit pas une jolie taille ; sa voix étoit trop foible pour un rôle d’opéra : elle échoua tout-à-fait dans celui-ci. Le marquis de Clermont, depuis ambassadeur de Naples, joua très-bien le dieu Pan. J’eus un succès inouï dans mon rôle de Vertumne. Nous avions dans les ballets tous les danseurs de l’Opéra ; on devoit donner trois représentations de ce spectacle, on ne le