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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/363

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potager, nous passions le reste du temps à causer dans le salon ; sa conversation étoit animée, spirituelle, et charmante ; elle avoit vu un moment de la régence, son mari avoit depuis été ministre des affaires étrangères ; et, petite-fille du grand Louvois, elle avoit la tête remplie d’une infinité d’anecdotes intéressantes et curieuses qu’elle contoit à merveille. Avant de souper, on apportoit tous les soirs ma harpe dans le salon, et j’en jouois une heure ; après le souper je jouois de la guitare ou du clavecin à peu près une demi-heure, ensuite je jouois au piquet avec madame de Puisieux contre M. de Puisieux, qui nous faisoit la chouette, et puis j’allois me coucher. Je ne restois communément dans ma chambre qu’après la promenade du matin avec M. de Puisieux, depuis dix heures et demie jusqu’à deux heures. Pendant qu’on me coiffoit je lisois, habitude que j’ai toujours conservée partout. Dans ce temps, il étoit d’usage de recevoir à Paris et à la campagne des hommes à sa toilette, ce que je n’ai jamais fait afin de réserver ce temps pour la lecture ; de sorte que depuis mon mariage je n’ai jamais passé un seul jour sans faire une bonne lecture. Après ma toilette je jouois de la