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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/364

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harpe une heure, et j’écrivois trois quarts d’heure. Je refaisois alors ma première comédie, les Fausses Délicatesses, et je l’achevai dans ce voyage. J’écrivois en outre les extraits de mes lectures. Madame de Puisieux dans nos tête-à-tête du soir me faisoit souvent lire tout haut, pendant qu’elle travailloit à la tapisserie : il y avoit à Sillery une très-bonne bibliothéque. Je lus aussi dans ce voyage, le Traité de Westphalie du père Bougeant, de la Manière de juger des ouvrages d’esprit du père Bouhours, les Entretiens d’Ariste et d’Eugène du même auteur, qui me donna le goût des devises que j’ai toujours conservé depuis ; je lus aussi les Poésies de Pavillon. Je lus seule l’Histoire de Malte de l’abbé de Vertot, et les Œuvres de Saint-Évremond. Les jours de pluie, tout le monde restoit dans le salon ; j’allois dans ma chambre, ce qui me donnoit trois ou quatre heures d’étude de plus.

Madame de Puisieux, sachant que j’écrivois sans cesse, me demanda un jour de faire son portrait, et j’en fis deux le jour même, en couplets de chanson, l’un en contre-vérités, l’autre, sérieux. Le soir, en m’accompagnant de la harpe, je lui chantai d’abord le premier, en-