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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/378

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nous fit un grand plaisir. Il y eut beaucoup de monde de Paris à ce voyage, entre autres le comte de Rochefort, parent de M. de Puisieux et de MM. de Genlis ; il aimoit beaucoup la littérature, et étoit en commerce de lettres avec Voltaire, qui mettoit beaucoup de soin à se faire des partisans parmi les gens de la cour. M. de Rochefort, très-flatté de recevoir des lettres de M. de Voltaire, ne manquoit pas, quand nous étions en famille, de nous en faire la lecture. Je trouvois dans ces lettres une flatterie ridicule, et une impiété révoltante ; monsieur et madame de Puisieux en étoient aussi très-scandalisés. Ce qui surtout nous confondoit, c’étoient les complimens sans fin que M. de Voltaire faisoit à M. de Rochefort sur sa philosophie et sur son esprit philosophique, ce qui vouloit dire sur son irréligion, et M. de Rochefort avoit au contraire des sentimens très-religieux ; il nous protestoit (et il étoit la sincérité même) qu’il s’étoit fait la loi de ne jamais dire un mot sur la religion dans cette correspondance. Mais on a vu depuis dans les lettres imprimées de M. de Voltaire, que c’étoit une de ses manières d’entraîner dans la secte les gens du monde. À ce même voyage,