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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/377

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rition de M. de Civrac, monsieur et madame de Puisieux poussèrent un cri de surprise et de joie ; M. de Civrac fut lui-même si ému, qu’il resta un moment sans pouvoir parler ; enfin, tenant toujours madame Milot par la main, il s’avança sur le bord du théâtre, et au lieu de dire, comme le portoit son rôle, qu’il étoit venu en croupe derrière madame Milot, il s’écria avec une voix de tonnerre, je suis venu sur la croupe de madame Milot… Les éclats de rire de toute la salle ne lui permirent pas d’achever sa phrase. Il se retourna vers moi, en me disant que la langue lui avoit tourné. J’étois en colère, et lorsque le calme fut un peu rétabli dans la salle, je le forçai de répéter la phrase telle que je la lui avois donnée. La fête fut terminée par une ronde que nous chantâmes tous en dansant, et dont les paroles, très-agréables et d’une grande gaieté, étoient encore de M. de Genlis.

Le lendemain matin à notre promenade à cheval, M. de Puisieux me dit d’annoncer à M. de Genlis, qu’il lui donnoit son gouvernement d’Épernay, qui valoit sept mille francs par an. C’étoit un honorable et beau présent auquel nous ne nous attendions point, et qui