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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/382

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Madame de Puisieux, en partant de Sillery après Noël, me ramena à Paris ; nous nous arrêtàmes quinze jours à Braine, chez la vieille comtesse d’Egmont, belle-mère de la jeune et jolie, et que nous y trouvâmes aussi. La comtesse d’Egmont avoit jadis été l’amie intime de M. le Duc, premier ministre dans la première jeunesse de Louis XV ; je recueillis là, de ses conversations avec madame de Puisieux, beaucoup d’anecdotes de ce temps, et surtout sur la belle mademoiselle de Clermont, sœur de M. le Duc, et dont madame de Puisieux avoit été l’amie. Je vis, dans cette maison, le vieux marquis de Croy, qui, à l’âge de cinquante ans, avoit l’air d’en avoir quatre-vingts ; il avoit eu les plus grands succès auprès des femmes, et ne se consoloit pas de n’être plus un homme à bonnes fortunes. Il avoit conservé tous les tics de la fatuité, et l’habitude d’une toilette ridiculement recherchée. C’étoit lui que la vieille reine appeloit l’invalide de Cythère ; c’est une triste chose qu’un invalide sans gloire, et que des infirmités qui ne rappellent que des désordres honteux. Ce vieillard prématuré étoit plein d’humeur et de fantaisies ; ne pouvant plus plaire aux jeunes per-