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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/397

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profond Pascal pendant une demi-heure, il fortifioit ma foi par ses admirables raisonnemens ; ensuite je lisois avec saisissement une trentaine de pages de Bossuet ; il m’élevoit au-dessus de moi-même et de la terre ; après cela je me reposois dans le ciel avec Massillon. Le calme majestueux de son éloquence, la douceur et l’harmonie de son langage ont quelque chose de véritablement divin. Que je plains ceux qui n’aiment ni la lecture, ni l’étude, ni les beaux-arts !… J’ai passé ma jeunesse dans les fêtes et dans la plus brillante société, et je puis dire, avec une parfaite sincérité, que je n’y ai jamais goûté des plaisirs aussi vrais que ceux que j’ai constamment trouvés dans un cabinet avec des livres, une écritoire et une harpe. Les lendemains des plus belles fêtes sont toujours tristes, les lendemains des jours consacrés à l’étude sont délicieux ; on a gagné quelque chose, et l’on se rappelle la veille, non-seulement sans dégoût ou sans regrets, mais avec la plus douce satisfaction.

Vers la moitié de l’hiver, je lus, et ce fut avec enthousiasme, l’Histoire Naturelle de M. de Buffon ; ce style parfait m’enchanta, je l’étudiai sérieusement. Je vis d’abord qu’il étoit