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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/398

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impossible de rien ajouter aux phrases et aux paragraphes de ce bel ouvrage, et d’en rien retrancher ; j’en conclus qu’il étoit écrit avec toute la clarté, et toute la précision désirables. Massillon, qui m’avoit à peu près initié dans les secrets de l’harmonie (ainsi que l’auteur de Télémaque), me mettoit en état de sentir la mélodie de cette admirable prose. J’essayai aussi de déplacer quelques mots, ou d’en changer plusieurs, en y substituant des synonymes, et je vis que le moindre changement ôtoit l’harmonie, ou gâtoit le sens ; ce qui me prouva que nul auteur n’a mieux connu la propriété des mots et des expressions. Je sentis donc dès lors que la perfection du style consiste dans le naturel, la clarté, la précision, l’harmonie, la correction, la propriété d’expressions. Après un examen très-suivi et très-réfléchi, je relus sur la fin de l’hiver mes compositions, et mon roman historique ; et, à l’exception de mes Réflexions d’une Mère de vingt ans et de ma comédie des Fausses Délicatesses que je me promis de retoucher, je brûlai le tout, et j’eus grande raison, car cela étoit bien mauvais. M. d’Albaret me persuada d’apprendre l’italien, et me donna un vieux maître nommé M. For-