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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/404

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bre : quand tu les verras s’agiter, n’hésite pas à prendre la clef des champs que voilà… À ces mots la figure tourne le dos, s’éloigne, se rapproche de la tapisserie, remonte l’escalier et se remet à sa place. Le chevalier, baigné d’une sueur froide, fut pendant plus d’un quart d’heure tellement privé de force, qu’il étoit hors d’état d’appeler ; enfin on vint ; n’osant confier cette aventure à un domestique, il dit seulement qu’il se trouvoit mal, et l’on resta auprès de lui tout le reste de la nuit. Le lendemain le comte de Jaucour son père, l’interrogeant sur ce qu’il avoit eu la nuit, il conta sa vision. Au lieu de se moquer de lui, comme le chevalier s’y attendoit, le comte l’écouta fort sérieusement ; ensuite il dit : « Rien n’est plus extraordinaire, car mon père dans sa première jeunesse eut aussi dans cette même chambre, avec le même personnage représenté dans cette antique tapisserie, une scène fort étrange… » Le chevalier auroit bien désiré savoir le détail de cette vision de son grand-père, mais le comte n’en voulut pas dire davantage, il ordonna même à son fils de ne lui en plus parler ; et le jour même le comte fit détendre toute cette tapisserie,