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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/405

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qu’il fit brûler en sa présence dans la cour du château. Voilà cette fameuse histoire dans toute sa naïveté. Madame Radcliff eût été bien heureuse de la savoir, et je crois que le chevalier de Jaucour, à l’époque de la révolution, se la rappela ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’il prit la clef des champs, lorsqu’il vit les verges s’agiter. Il n’hésita pas à quitter la France.

Revenons à la société de ma tante ; sa meilleure amie, après madame de Gourgues, étoit la duchesse de Chaulnes, fille du duc de Chevreuse. Elle étoit jolie, mais elle manquoit absolument d’esprit et de naturel, et elle avoit mille prétentions ridicules. C’est la seule femme que j’aie connue dont on ait pu dire justement, comme de certains hommes, qu’elle avoit de la fatuité. Il y en avoit dans son maintien, dans ses manières, dans son ton et dans tous ses discours. Au reste, elle avoit une très-bonne conduite : on l’avoit mariée fort jeune à une espèce de fou, qui le lendemain de son mariage disparut subitement pour aller en Égypte. Il y resta plusieurs années, et à son retour il ne voulut jamais revoir sa femme. Une autre amie de ma tante étoit la princesse de Chimay douairière, personne fort insigni-