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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/408

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temps étourdi, ce qui lui étoit particulier. Je lui trouvois beaucoup de fatuité, une gaieté fausse, c’est-à-dire affectée, et un air moqueur qu’il ne quittoit jamais, alors même qu’il avoit envie de plaire. Le duc de Coigny, son frère aîné, avoit de la douceur, une politesse aimable, et un caractère qui le faisoit généralement estimer et aimer. Le marquis de Lusignan, qu’on appeloit la grosse tête, autre ami de ma tante, étoit confident de toutes les femmes ; il ne falloit pour cela que de la douceur, de la discrétion, et avoir l’air de croire que toutes les intrigues étoient des passions platoniques. Beaucoup d’hommes alors, qui n’avoient pas assez d’agrémens pour réussir auprès des femmes, prenoient ce modeste rôle de confident, qui leur donnoit dans la société une sorte de considération qui n’a pas été inutile à la fortune de plusieurs d’entre eux. Le marquis d’Estréhan, déjà vieux, étoit dès lors le suprême confident des femmes de ce temps. Il s’étoit fait un droit de cette espèce de confiance : y manquer eût été à ses yeux un mauvais procédé. Ses conseils, en ce genre, étoient, dit-on, excellens ; c’étoit le directeur des femmes galantes. M. de Do-