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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/416

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de dix-huit ans ; on disoit qu’elle avoit de l’esprit, elle a aujourd’hui cette réputation très-bien établie. Je n’en ai jamais pu juger, quoique je l’aie beaucoup vue pendant douze ans de suite ; elle étoit du nombre, assez grand alors, de ces personnes qui dans le monde ne causent que tout bas, seulement avec leurs amis, à table, où elles les font placer près d’elles, et hors de table dans l’embrasure des fenêtres, se persuadant qu’elles ne peuvent être véritablement appréciées que dans le petit cercle de leur intimité. Ainsi leur esprit reste enfoui dans le sein de l’amitié, et n’est pour le reste du monde qu’une tradition[1].

Nous trouvâmes encore à l’Île-Adam, la maréchale de Luxembourg et madame de Lauzun[2]. Je ne pouvois me lasser de contempler

  1. On a cité un assez grand nombre de mots remarquables de la princesse d’Hénin. Madame de Genlis rapporte, dans les Souvenirs de Félicie, celui sur Le Kain et M. de Vaudreuil : Je ne connois, disoit la princesse, que ces deux hommes qui sachent parler aux femmes.
    (Note de l’éditeur.)
  2. Amélie de Bouflers, petite-fille et héritière de la maréchale de Luxembourg, avoit épousé, le 4 février 1766, Armand-Louis de Goutaut, qui s’est rendu cé-