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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/420

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tesse Amélie, et paroissoit être éperdu d’amour pour elle. J’ai vu alors plusieurs fois M. le duc d’Orléans hausser les épaules et au moment d’éclater. Je n’ai jamais bien su si les spectateurs étoient dupes de ce manège, qui me sembloit grossier ; je remarquai bien que plusieurs hommes sourioient quelquefois, mais toutes les femmes avoient l’air de plaindre la victime de l’inconstance. Le maintien de ma tante au milieu de tout cela étoit à mes yeux la chose la plus comique, surtout le lendemain de ses coliques. La mine attendrie et mystérieuse des femmes qui lui demandoient de ses nouvelles, les soupirs étouffés de ma tante, ses airs languissans, sont des choses qui ne peuvent se décrire. Je dirai bientôt quel étoit l’intérêt particulier qui engageoit le comte de Guines à seconder si bien les vues de ma tante. On verra qu’il en avoit un très-réel. Madame de Montesson ne me fit point de confidences positives, mais plusieurs fois elle me fit entendre vaguement qu’elle avoit de grandes peines de cœur ; je ne la questionnois jamais, et pendant tout ce voyage nous en restames là. De l’Île-Adam, j’allai à Balincour, où je