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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/430

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en convenant qu’il est en général bien écrit, trouvèrent que c’est un mauvais poëme, sans intérêt, sans imagination et très-ennuyeux. Il y a d’un bout à l’autre, dans cet ouvrage, une teinte sombre et monotone qui en rend la lecture fatigante, car on sent que l’auteur a pris

    mais encore en avant sur les principaux nez académiques. Le nouvel élu a fait son devoir d’encenseur à merveille, et il n’y a point d’habitué de paroisse qui sache mieux lancer le sien. Indépendamment de l’illustre président de Montesquieu et du grand patriarche de Ferney, l’abbé de Condillac, M. Thomas, M. d’Alembert ont en leur portion d’éloge à part. Je ne sais par quelle fatalité M. de Saint-Lambert a oublié M. de Buffon, qui ne laisse pas d’être aussi un des quarante : et je suis tenté de faire comme cet officier gascon qui, en revenant du Palais, où il avoit monté la garde pour une séance de Louis XIV au parlement, s’arrêta sur le Pont-Neuf devant la statue d’Henri IV, et dit à sa troupe : « Mes amis, saluons celui-ci ; il en vaut bien un autre. » Le poëme des Saisons fit éclore plus d’une épigramme. Voici celle de Clément :


    Saint-Lambert s’enroue à nous dire :
    « Mon poëme doit être bon,
    » Car j’ai mis trente ans à l’écrire ;
    » Trente ans, vous dis-je. » Et pourquoi non ?
    Il en faut antant pour le lire.

    (Note de l’éditeur.)