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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/44

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tomime ; et le silence qu’on nous auroit vainement recommandé de toute autre manière, fut gardé avec autant de plaisir que d’exactitude.

J’avois six ans lorsqu’on envoya mon frère à Paris, pour le mettre dans la fameuse pension du Roule de M. Bertaud, le plus vertueux et le meilleur instituteur public de ce temps. C’est lui qui inventa la manière d’apprendre à lire en six semaines sans épeler, avec des boîtes de fiches. Deux ou trois mois après le départ de mon frère, ma mêre fit un voyage à Paris, et m’emmena avec elle. J’avois à Paris une tante, jeune et belle, nommée la comtesse de Bellevaux ; j’en parlerai avec détail dans la suite. Madame de Bellevaux avoit avec elle deux enfans, qu’un de nos parens, M. du Crest de Chigy, avoit, en se mariant, reconnus pour ses filles ; elles portoient par conséquent le nom de du Crest, et personne ne pouvoit juridiquement le leur contester. Elles appeloient madame de Bellevaux leur tante. Je ne fus pas émerveillée de Paris, et dans les premiers jours surtout je regrettai amèrement Saint-Aubin. On me fit arracher deux dents ; on me donna un corps de baleine qui me ser-