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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/61

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bout de huit jours, et jamais on ne nous en a demandé compte. À la prière de mademoiselle de Mars, mon père tira de sa bibliothéque Clélie de mademoiselle de Scudéry, et le théâtre de mademoiselle Barbier[1] ; il nous donna ces deux ouvrages qui ont fait nos délices pendant bien long-temps ; dès lors, à huit ans, je commençai à composer des romans et des comédies que je dictois à mademoiselle de Mars, car je ne savois pas former une lettre. Nous avions les paroles imprimées de trois ou quatre opéras, nous trouvions un plaisir extrême à les chanter de tête en improvisant ; c’étoit un de nos plus grands amusemens. Au milieu de tout cela nous nous occupions sérieusement de la religion ; les sentimens religieux sont nés avec moi ; dès ma plus tendre enfance je n’ai jamais regardé un ciel étoilé non

  1. Marie Anne Barbier a fait des tragédies, des comédies, des opéras et des ballets. Elle consultoit souvent Pellegrin ; c’est ce qui a fait attribuer à l’abbé les ouvrages de cette demoiselle. Ses Saisons littéraires sont un mélange de poésies, d’histoires et de critiques. Il y a dans ses vers de la facilité et du naturel, mais peu d’élégance et point de force. Les ouvrages de mademoiselle Barbier ont été recueillis en 3 volumes in-12 Morte en 1742.
    (Note de l’éditeur.)