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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/71

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sans chercher à rabattre ma vanité par des réflexions morales, attachoit réellement si peu d’importance à ce genre de succès, que cela seul m’empêcha de m’en enorgueillir. Tout naturellement elle ne me louoit que sur les choses qui tiennent à l’âme et au caractère, ou, pour mieux dire, alors elle me caressoit et avoit l’air de m’aimer davantage ; voilà ce qui me faisoit une grande impression, le reste ne m’en faisoit aucune. Quant à mon singulier costume, elle en avoit d’abord un peu ri, mais sans nulle causticité ; je lui soutenois qu’il étoit fort commode : À la bonne heure, disoit-elle ; et d’ailleurs elle ne le critiquoit en rien. Ce n’étoient point les fadeurs qu’on me disoit sur mon habit d’Amour qui me plaisoient ; ceux qui me prodiguoient le plus ces sortes de louanges, étoient précisément des personnages que je trouvois ennuyeux ou ridicules, de sorte que ces éloges n’eurent aucun danger pour moi. Ce qui me charmoit dans cet habillement étoit la singularité, car je suis née avec le goût des choses extraordinaires. Un de mes plus grands plaisirs dès lors, étoit de faire des châteaux en Espagne ; je me composois une destinée ; non-seulement je la remplissois d’é-