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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/75

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parler. Il a fait des crimes épouvantables qui furent à la fin découverts de cette sorte. Enhardi par la confiance qu’il avoit usurpée, il y compta trop ; le ciel lui mit un bandeau sur les yeux, et il en vint à commettre des forfaits d’une imprudence inconcevable. Sous prétexte de faire travailler au linge de sa maison, il fit venir d’Autun une jolie petite ouvrière qu’il avoit vue dans cette ville ; il la garda dans son château environ six semaines, ensuite elle disparut, et il manda à sa mêre qu’elle s’étoit sauvée avec un amant. En même temps il prioit cette femme de lui envoyer la sœur cadette de cette jeune fille, qui étoit aussi très-jolie, parce que, disoit-il, le raccommodage de son linge n’étoit pas fini. On la lui envoya ; au bout de deux mois, elle disparut ainsi que l’autre, et le monstre écrivit à la mère qu’elle avoit suivi l’exemple de sa sœur, et que de même elle s’étoit évadée. À cette fois, la malheureuse mère, éclairée par son désespoir, porta ses plaintes à la justice, qui ordonna une visite chez M. de Châlons. Ce scélérat fut averti, prit la fuite ; on n’a jamais pu découvrir ce qu’il étoit devenu. La Providence l’aura sûrement poursuivi et fait périr misérablement