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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/77

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le commandant de la troupe s’en disoit colonel et se donnoit sous le nom de marquis de Breteuil[1], mais qu’on ne doutoit pas que cet homme ne fut Mandrin. Ce récit jeta l’alarme dans le château, ma mêre fut très-effrayée, mademoiselle de Mars le fut encore davantage ; M. Corbier, notre intendant, ne montra pas dans cette grande occasion une valeur bien déterminée. Ma mère le chargea d’aller dans le village prendre des informations ; il revint plein de terreur nous dire que le commandant et ses officiers, qui étoient chez le cabaretier du village, avoient des figures épouvantables ; qu’ils faisoient un vacarme affreux, et qu’il étoit impossible de méconnoitre en eux Mandrin et ses complices. Un instant après, un message nous annonça la visite de ce redoutable marquis de Breteuil. L’effroi fut au comble dans le château ; pour moi j’éprouvrai que la

  1. Mandrin commença par être soldat ; il déserta, se fit faux-monnoyeur, contrebandier, et enfin chef de brigands. Son air n’avoit rien de farouche et ses reparties étoient vives. Il fut arrêté sur les terres du roi de Sardaigne, où il s’étoit réfugié, et roué à Valence le 26 mai 1755.
    (Note de l’éditeur.)