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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/83

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chure nouvellement arrivée de Paris, et faite contre M. de Voltaire. Nous connoissions la plupart de ses tragédies, nous jouions Zaïre et nous avions lu les autres ; par cette raison la brochure nous intéressa ; nous y vîmes avec chagrin que cet homme, que nous avions admiré, étoit un impie ; la brochure étoit terminée par de mauvais vers, des stances satiriques dans lesquelles Voltaire n’étoit désigné que sous l’anagramme de son nom ; chaque stance étoit terminée par un vers ironique qui est toujours resté dans ma tête ; et que voici :


Ma foi, Tolvaire est un grand homme !


Nous ne trouvâmes pas les vers bons ; mais les accusations contenues dans les brochures nous firent une impression ineffaçable. Je n’ai jamais depuis relu, ni revu cette brochure. Comme il y a dans Zaïre des sentimens religieux, j’étois doublement indignée contre l’auteur ; je perdis beaucoup de mon admiration pour Zaïre, et je donnai toute préférence à mon rôle d’Iphigénie en Aulide, et par conséquent à Racine, car on m’assuroit que ce grand homme avoit été aussi vertueux qu’il est sublime. Cependant j’avois en des succès prodigieux dans