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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/86

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une affreuse épidémie de petite vérole se déclara à Saint-Aubin. On prit beaucoup de précautions pour m’en préserver ; mais mon imprudence les rendit inutiles. Celle des femmes de ma mère, que j’aimois le mieux, nommée Montigni, eut les symptômes de cette horrible maladie, qu’elle prit en effet ; mais, dans une maison du village dans laquelle on la conduisit, j’allai la voir furtivement et en secret sa vue me pétrifia d’horreur ; deux jours après je me sentis malade, et je pris une petite vérole confluente, dont j’ai été à la dernière extrémité, mais si bien soignée par notre docteur Pinot, que je n’en eus pas une seule marque. Mademoiselle de Mars me donna, dans cette maladie, les plus touchantes marques d’amitié, ce qui porta au comble mon attachement pour elle. Je me trouvai en pleine convalescence en automne ; alors nous quittâmes Saint-Aubin, parce que le château tomboit en ruines ; nous allâmes à Bourbon-Lancy, où ma mère loua une très-jolie maison avec un jardin. La comtesse de Sercey, ma tante, sœur de mon père, y arriva avec le comte de Sercey, son mari, tombé en paralysie : j’ai conté, à ce sujet, dans mes Souvenirs, un trait