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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/94

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Cette action fut mise dans toutes les gazettes ; elle parut si merveilleuse qu’elle valut à M. de Bussœuil la croix de Saint-Louis que lui envoya M. le régent, seul exemple, je crois, de cette grâce pour une action de ce genre. Ce respectable vieillard m’aimoit beaucoup, j’ai souvent été sur ses genoux ; j’avois un grand plaisir à baiser respectueusement la cicatrice de son pouce, et à lui entendre conter avec détail cette belle aventure.

Deux mois après la fuite romanesque du fils du docteur Pinot, ma mère partit pour Paris ; on fit les malles comme ne devant plus revenir ; ma mère m’emmena ainsi que mademoiselle de Mars et toutes ses femmes ; mon père seul resta. J’avouerai, à ma honte, que je quittai la Bourgogne sans attendrissement, ce beau pays où j’étois née, où mon enfance s’étoit écoulée d’une manière si douce et si riante, et que je n’aurois pu revoir quinze ans après sans répandre des larmes, et sans éprouver les plus vives sensations ! Mais l’enfance n’a point de ces émotions

    qui ont été employés jusqu’ici contre cette affreuse maladie, et c’est à cette triste conviction que se réduit, à cet égard, toute la science des médecins.

    (Note de l’éditeur.)