Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mène en lesse, avec un ruban couleur de rose, ce soi-disant philosophe. Quoique je n’eusse que douze ans, je trouvai ce conte ridicule et plat ; c’étoit le bien juger. L’auteur étoit loin de se douter que cette petite fille qu’il voyoit là, feroit un jour imprimer une critique[1] de ses Contes, qui lui causeroit les plus violens accès de colère. L’inimitié et l’amitié n’ont jamais eu la moindre influence sur mes jugemens et sur mes opinions. Je trouvois ma tante spirituelle et charmante, et presque tous ses jugemens me paroissoient faux ; ils l’étoient en effet, mais elle parloit avec grâce, sans pédanterie ; elle avoit du naturel, et la fausseté de ses idées venoit plus de son ignorance et de sa mauvaise littérature que de son esprit : aussi ne paroissoit-elle être en elle que de la légèreté et du manque de réflexion. Elle a été auteur ; elle a fait imprimer un petit roman qui a pour titre Lettres d’une jeune veuve. Il est écrit avec grâce et naturel.

Je voyois aussi chez madame de Belleveaux, un financier homme de lettres ; M. de Mon-

  1. Dans le conte intitulé : Les Deux Réputations.
    (Note de l’auteur.)