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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/99

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dorge[1], qui avoit alors au moins quarante-six ou quarante-sept ans, et qui, dix ou douze ans après, épousa l’aînée de mes cousines. M. de Mondorge avoit de l’esprit, de l’agrément, et une grande douceur. Il faisoit des chansons et des opéras. Le poëme de l’opéra intitulé les Talens lyriques est de lui. On me faisoit chanter toutes ses chansons. Je n’ai jamais oublié celle-ci, qui n’a point été imprimée :


D’Hébé vous avez la jeunesse
D’HéEt les appas,
Dans les yeux certaine finesse
D’HéQu’elle n’a pas.
Si la belle eût joint votre grâce
D’HéÀ sa beauté,
Jamais Ganymède à sa place
D’HéNe füt monté[2].

Comme elle remplissez mon verre ;
D’HéEt j’aime mieux

  1. Antoine Gautier de Mondorge, né à Lyon en 1727, est mort à Paris en 1768 ; il a composé un grand nombre de poésies légères, quelques pièces de théâtre et des lettres sur les beaux-arts.
    (Note de l’éditeur.)
  2. On sait que, dans la mythologie, Hébé encourut la disgrâce des dieux, parce qu’elle eut la maladresse de faire une chute en servant le nectar.
    (Note de l’auteur.)