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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/156

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prit, que de raison, que de naturel, que de grâce, quelle élévation de sentimens et quelle sensibilité sans étalage et sans ostentation ! Que nous étions François alors !…

En quittant des amis si aimables qui m’étoient bien chers, après m’être bien amusée, je retournai pourtant avec joie dans le cul-de-sac Saint-Dominique j’avois besoin de lire, d’écrire, de penser ; de garder le silence, et de me reposer. Cette maison que j’avois laissée si brillante et si gaie, fut peu de jours après remplie de tristesse ; le bon maréchal de Balincour tomba malade. Je retournai sur-le-champ m’enfermer avec mes amis, pour m’affliger avec eux. Ils perdirent cet oncle révéré, ce bienfaiteur si chéri, et si digne de l’être. J’ai conté dans mes Souvenirs les détails de cette mort, aussi touchante qu’elle fut sainte. Nous eûmes dans cette année bien des pertes de famille à déplorer. Le maréchal d’Étrée se mouroit d’un-mal lent dont il souffroit depuis long-temps, et qui étoit incurable. Couché sur une chaise longue, il recevoit tous les jours ses parens et ses amis ; on faisoit la conversation, on jouoit comme s’il eût été en pleine santé. Il ne connoissoit que vaguement le