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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/157

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danger de son état, l’ancienneté de ses souffrances lui persuadoit qu’elles n’avoient rien de mortel. Après la mort du maréchal de Balincour, j’allai régulièrement passer toutes mes soirées chez le maréchal d’Étrée, qui avoit mille bontés pour moi. Je voyois avec une espèce d’étonnement douloureux s’éteindre un grand homme couvert de gloire, comblé d’honneurs, et parvenu au faîte de la considération sociale ; il me sembloit que tous ces liens si brillans qui honoroient sa vie devoient aussi l’affermir, et cependant cette pompe, cette fortune, ces amis, tout alloit lui échapper !… Un soir, en arrivant chez lui, je trouvai toute la maison désolée ; il étoit à la mort, il demanda lui-même ses derniers sacremens, les reçut avec d’autant plus d’édification, qu’il avoit toujours eu des sentimens religieux ; et il mourut dans la nuit, laissant une mémoire justement honorée par une vie sans tache, de grandes actions, un beau caractère, et des talens supérieurs comme guerrier et comme homme d’état.

À cette époque, monsieur et madame de Puisieux voulurent nous loger chez eux ; ils nous donnèrent un joli entresol dans la su-