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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/161

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Je vis aussi chez M. de Puisieux le jeune roi de Suède[1], à son premier voyage hors de ses états (car il en fit un second pour aller à Spa) ; ce prince étoit aimable, poli, obligeant, et parloit avec beaucoup de grâce.

Une personne devenue riche et à la mode dans sa vieillesse, et qui à trente-sept ans n’étoit ni l’un ni l’autre, madame de Coaslin, venoit quelquefois chez madame de Puisieux. Elle avoit une figure de Minerve, une manière emphatique et lente de parler, qui contrastoient singulièrement avec des discours très--

  1. Le prince héréditaire de Suède, connu depuis sous le nom de Gustave III, apprit à Paris, au commencement de l’année 1771, la mort du roi Adolphe-Frédéric, son père. Gustave prit dans un souper la défense de Voltaire contre le maréchal de Broglie ; le patriarche de Ferney le sut par M. d’Argental, ministre de Prusse ; il répondit par les vers suivans :

    On dit que je tombe en jeunesse ;
    Tachez de me bien élever.
    Ne pourriez-vous pas me trouver
    Quelqu’accès près de son altesse ?
    De vieux héros, de vieux savans
    Prendront de ses leçons, peut-être ;
    Je veux m’instruire, il en est temps :
    C’est à moi de chercher mon maître.

    (Note de l’éditeur.)