Aller au contenu

Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vulgaires, et les contes grivois dont son entretien étoit toujours semé. Elle écrivoit ridiculement, elle avoit fort peu d’esprit, mais de la beauté, un air imposant ; de la causticité et beaucoup de hardiesse l’ont rendue une personne remarquable, et lui ont donné une superficielle apparence d’originalité, M. le prince de Conti donnoit à souper au Temple tous les lundis ; on s’y portoit en foule, il se trouvoit toujours au moins cent cinquante personnes ; pour arriver jusqu’au prince il falloit traverser un immense salon, et passer à travers une triple haie formée par les hommes qui se tenoient toujours debout avant le souper, les femmes seules étoient établies en cercle au fond du salon. Un soir que la foule étoit plus grande encore que de coutume, M. le prince de Conti vit arriver madame de Coaslin ; il s’avança vers elle, et lui dit ironiquement, qu’avec sa timidité naturelle elle avoit dû être bien embarrassée en se trouvant au milieu de tant de monde. « Oui, monseigneur, répondit madame de Coaslin ; j’ai été si intimidée, j’ai tellement perdu la tête, que dans mon trouble… j’ai fait la révérence à monsieur » ; et elle montra un homme dont elle