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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/163

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avoit à se plaindre, et qui avoit fait contre elle un couplet satirique[1].

Je vis beaucoup dans ce temps la belle comtesse de Brione, qui n’étoit déjà plus de la première jeunesse, mais dont la majestueuse beauté étoit encore frappante ; mais quand on a parlé de sa figure son portrait est fini, on n’a plus rien à dire. Elle soupoit très-souvent chez M. de Puisieux avec le fameux prince Louis, depuis cardinal de Rohan. Le prince Louis avoit une figure très-agréable, des manières trop lestes pour son état, une conversation frivole, animée, spirituelle ; il n’étoit rien de ce qu’il devoit être, mais il étoit aimable autant qu’on peut l’être hors de sa place et de son caractère. Sa vivacité, son inconséquence, son maintien, ses discours ne trahissoient que trop les égaremens de sa jeunesse, et ne présageoient pour son âge mûr, que des fautes, des malheurs et des ridicules.

Peu de temps après la mort du maréchal d’Étrée, nous fîmes une nouvelle perte plus sensible encore. M. de Puisieux mourut le

  1. J’ai entendu conter ce trait à madame de Coaslin elle-même, et M. le Prince de Conti m’en a confirmé l’exacte vérité.
    (Note de l’auteur.)