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Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T2.djvu/226

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duite par l’envie, ne servit qu’à lui donner plus d’éclat, et l’on s’accorda unanimement à la désigner par le titre de grande société, qu’elle a gardé jusqu’à la révolution ; ce qui ne vouloit pas dire plus nombreuse, mais ce qui, dans l’opinion universelle, signifioit la mieux choisie et la plus brillante par le rang, la considération personnelle, le ton et les manières de ceux qui la composoient. Là, dans les cercles trop étendus pour autoriser la confiance, et qui, en même temps, ne l’étoient pas assez pour que la conversation générale y fût impossible ; là, dans les assemblées de quinze ou vingt personnes, se trouvoient, en effet, réunies toute l’aménité et toutes les grâces françoises. Tous les moyens de plaire et d’intéresser y étoient combinés avec une étonnante sagacité. On sentit que, pour se distinguer de la mauvaise compagnie et des sociétés vulgaires, il falloit conserver (en représentation) le ton et les manières qui annonçoient le mieux la modestie, la réserve, la bonté, l’indulgence, la décence, la douceur et la noblesse des sentimens. Ainsi, le seul bon goût fit connoître que, seulement pour briller et pour séduire, il falloit emprunter toutes les